Le Fil d'Actu : l'impression au cadre, un savoir-faire en héritage
L’impression manuelle, un savoir-faire unique en héritage
La technique de l’impression au cadre reste aujourd’hui la plus pratiquée dans les ateliers de la Manufacture d’Impression sur Etoffes. Elle trouve son origine dans la reproduction au pochoir, dont les premières applications remontent au Japon, au VIIIè siècle. En France, à partir de la fin du XIXè siècle et avec l’essor de l’industrie, les pochoirs initialement faits de papier sont remplacés par le métal, plus résistant. Ce n’est qu’au début du XXè siècle qu’un procédé d’impression au cadre s’est développé à échelle industrielle, afin de pourvoir à la forte demande dans le secteur textile. L’impression offre aujourd’hui deux formules (mécanique ou manuelle). Les tables d’impression sont d’abord recouvertes du tissu à imprimer, comme une toile sur laquelle l’artisan vient réaliser l’ouvrage. Sur les côtés de ces tables, de petites pièces de métal, appelées « cavaliers », permettent aux imprimeurs de faire concorder avec une précision extrême la juxtaposition des rapports lors des déplacements de cadres. La racle, outil de prédilection de l’imprimeur, vient presser la couleur sur le tissu déposé sous le cadre. Le résultat final dépend entièrement de la bonne réalisation des gestes des imprimeurs, dont le savoir-faire reste parmi l’un des derniers au monde.
L’art et la matière : le geste auguste de l’imprimeur
La Manufacture d’Impression sur Etoffes de Ribeauvillé est issue du mariage de l’artisanat et de l’industrie. La tradition du geste et le savoir-faire unique des imprimeurs perpétue dans nos ateliers des techniques uniques sans lesquelles les produits ne seraient pas ce qu’ils sont. Le processus d’impression suit une chorégraphie millimétrée et répétée autant de fois que le produit comporte de couleurs : l’imprimeur se sert d’une « gamelle », vérifie la correspondance du numéro de couleur avec le cadre et s’assure de l’onctuosité du mélange en premier lieu. Il verse ensuite le produit dans le cadre et récupère rapidement le surplus de couleur. Commence alors l’opération proprement dite, réalisée par deux personnes, le chef de table et l’imprimeur. En symbiose, ce binôme harmonise des gestes connus par cœur, dont l’exécution parfaitement synchronisée est primordiale pour obtenir un résultat d’une qualité irréprochable. Cette conscience du métier et le haut niveau technique créent une connivence entre les imprimeurs, dont le travail est très physique, mais esthétiquement indéniablement gracieux à observer.
Topkapi, l’Histoire inscrite dans l’étoffe
Le modèle Topkapi reste parmi les plus grands succès de la Manufacture. Le dessin existe depuis 1986 et s’inspire d’un savant mélange de deux dessins d’archives : le premier rend honneur à la mosaïque du palais éponyme Topkapi situé à Istanbul, l’autre est tiré d’une toile de Nantes. L’histoire de ce dessin est un cas d’école au sein de la Maison Beauvillé : les tentatives de contrefaçon sont surveillées avec la plus grande des attentions, tant le motif est décliné ou réutilisé par de nombreuses marques. 35 ans après sa création, Topkapi habille toujours les tables du monde entier avec une palette de nuances aussi intemporelles qu’uniques. Un symbole de longévité qui fait écho au travail d’artisans et d’équipes passionnées dont l’exigence du Beau inscrit un véritable Patrimoine Vivant dans l’épaisseur des étoffes.